Salomon Ferleger est né le 8 juin 1923 dans le 12 ème arrondissement de Paris. Ses parents, Bluma et Abram Ferleger, sont polonais et arrivent en France trois ans avant sa naissance, en 1920. 

Salomon a une grande sœur, Sarah, qui naît en 1921 et qui épousera un aryen résistant. Elle est arrêtée en 1942 pour distribution de tracts, mais ne sera déportée à Auschwitz que 9 mois plus tard (elle était non déportable car mariée à un Aryen). Elle partira à bord du convoi n°57, le 18 juillet 1943, et ne reviendra pas des camps.

À partir d'octobre 1940, le magasin que tenait le père de Salomon passe au contrôle des Allemands : la famille est obligée de vivre sur ses économies. C'est à ce moment que Salomon décide de quitter le foyer familial. Il s'engage alors chez les Francs-tireurs et partisans, qui est un mouvement de résistance mis en place par le Parti communiste français. Quelques mois plus tard, à cause d'une dénonciation, la cellule où agissait Salomon est dissoute.

Salomon s'inscrira alors au chômage à la fin de l'année 1941 et travaillera en tant que bûcheron. Après avoir travaillé dans trois chantiers forestiers pour "étrangers", Salomon est finalement envoyé à Clefs, au chantier 1607 de Beauregard, le 15 mars 1943.

La vie à Clefs est moins dure que dans les chantiers précédents : les travailleurs ont le statut d'ouvrier agricole, un petit salaire, et l'autorisation de prendre des permissions pour retrouver leurs familles. Ils n'ont pas l'obligation de porter l'étoile jaune et travaillent dans de meilleures conditions.

Salomon se fait des amis à Beauregard. Il y rencontre Abram Boksenbaum, Armand Chicheportiche, Maurice Bueno ainsi qu'Henri Dluznowski qui ont plus ou moins le même âge que lui. Ils seront tous déportés par le convoi 64.

Pendant les temps libres, les travailleurs se baignent, jouent au poker (jeu très apprécié par Salomon qui gagnera même contre le chef du chantier). Le jeune homme a un fort caractère et n'hésite pas à exprimer son désaccord face à l'encadrement, à se faire entendre. Henri Baudier, le chef du chantier, ira même jusqu'à demander le renvoi du jeune homme aux autorités en écrivant que Salomon "incite ses camarades à la rébellion".

Malgré tout, quelques mois plus tard, le 23 novembre 1943 à l'aube, le camp est encerclé par les SS. On donne l'ordre à tous les travailleurs juifs de rassembler leurs affaires et d'être prêts à partir. 

Ils seront ensuite emmenés en camion jusqu'à la gare d'Angers, d'où ils prirent le train vers la région parisienne. Le lendemain, ils étaient arrivés au camp d'internement de Drancy.

On lui attribue alors le matricule 8812 et quelques jours plus tard, on l'appelle dans le bureau du chef du camp où il retrouve ses parents (et même son chat) qui avaient été arrêtés. La famille reste deux semaines à Drancy avant d'être déportée à Auschwitz par le convoi n°64. Bluma et Abram sont gazés dès l'arrivée du train, mais Salomon est gardé en vie. 

Après qu'on lui ait tatoué le matricule 167508 sur le bras, Salomon est affecté au Kabelkommando (commando du câble), en extérieur, qui s'avère très physique. D'après certains déportés, c'était même le pire des kommandos. Le jeune homme creuse, décharge des matériaux lourds, pose des rails. Il travaille dur, sans gants, sans vêtements chauds, sans bonnes chaussures, dans un froid glacial.

Quelque temps plus tard, Salomon attrape la dysenterie (maladie infectieuse du colon) et est envoyé à l'infirmerie. Il échappe de justesse à la sélection puis est transféré dans un autre kommando, celui des cimentiers.

Il retournera quelques jours à l'infirmerie à cause d'anthrax (une autre maladie infectieuse) sur l'aine et la nuque. Monsieur Weiss, un professeur et médecin de Strasbourg l'aidera à se remettre sur pieds rapidement et Salomon échappe ainsi une nouvelle fois à la sélection.

Il sera ensuite à nouveau transféré, cette fois dans le kommando 178, où il travaille en atelier.

Le 18 janvier 1945, un ordre d'évacuation est donné à Auschwitz. Vers 17H, on rassemble tous les prisonniers. Ils marcheront toute la nuit puis toute la journée du lendemain dans la neige et le froid glacial. Les prisonniers étaient environ 3000 au départ, à l'arrivée, il n'en reste plus que 280. Tous ceux jugés trop faibles pour continuer d'avancer étaient tués par les SS. Après une soixantaine de kilomètres, ils arrivent enfin à Gleiwitz. On les fait alors monter dans des wagons de marchandises à plafonds découverts et ils voyagent ainsi pendant six jours.

Ils furent ensuite internés au camp de Buchenwald, où on les rase à nouveau. En avril 1945, Salomon participe à une rébellion interne menée par des déportés. Ils attaquent les SS restés au camp avec des armes qu'ils avaient caché. 

Les Américains les libèrent véritablement le 11 avril 1945. Salomon sera rapatrié à Paris le 29 avril 1945 puis amené à l'Hôtel Dieu. Il retrouvera sa fiancée Margot et l'épousera. Ils auront trois enfants : .

Salomon Ferleger décède le 24 janvier 2019.

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